Article originalPhotographies en chirurgie plastique : pratiques, usages et législationPhotography in plastic surgery: Practices, uses and legislation
Introduction
De nos jours, la photographie en chirurgie plastique est omniprésente. L’essor de la photographie numérique et sa popularisation ont contribué à son développement exponentiel. Son utilisation initiale pour le suivi et le traitement des patients s’est considérablement étendue : médico-légale, échange entre médecin, formation/cours, publications scientifiques, publicité, etc. Actuellement de nombreuses publications de chirurgie plastique, notamment en France [1], [2], [3], [4], [5], se servent de la photographie comme critère de jugement.
Cependant en raison de ses multiples utilisations et des motivations des chirurgiens, elle peut présenter des dangers sur les plans médico-légaux et éthiques (atteinte au droit à la vie privée, à la dignité du patient, pièce médico-légale, etc.) Un soin tout particulier doit être porté à la façon dont les photographies sont réalisées, obtenues, conservées, ou encore partagées. Malheureusement le chirurgien plasticien n’est pas toujours conscient des risques médico-légaux induits par la prise de photographies de patients dans sa pratique quotidienne.
L’objectif de cette étude est d’analyser l’usage de la photographie par le chirurgien plasticien, la perception de cet usage par le patient, et ses conséquences médico-légales et éthiques.
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Matériel et méthodes
Un questionnaire concernant l’usage de la photographie par le chirurgien plasticien a été conçu (Fig. 1). Celui-ci comportait 8 questions : son mode d’exercice (libéral, praticien hospitalier, internes des hôpitaux), la proportion de patient refusant d’être photographiés, l’objectif de la prise des photographies (médico-légal, suivi patient, éducation/formation, publication scientifique, publicité personnelle), le partage des photos (personne, autres chirurgiens/médecins, autres personnels de
Questionnaires adressés aux chirurgiens
Cent soixante-dix-sept réponses informatisées ont été obtenues. Cent soixante-seize comportaient un code d’identification unique vérifié, validant la réponse unique d’un chirurgien plasticien membre de la SOFCPRE, soit un taux de réponse d’environ 28 %.
Cent soixante-treize (98,3 %) chirurgiens ont répondu à la question sur leur activité professionnelle. Cent quarante-deux (82,1 %) travaillaient en libéral, 15 (8,7 %) étaient praticiens hospitaliers, et 16 (9,2 %) avaient une double activité
Discussion
Toutes les photographies prises doivent en théorie faire partie intégrante du dossier médical (car toujours utiles pour le suivi et le traitement des patients). La simple prise de photographie paraît possible sans consentement écrit, en effet selon l’article 226-1 du Code pénal : « Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait, au moyen d’un procédé quelconque, volontairement de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui :
- •
en captant, enregistrant ou
Conclusion
La photographie en chirurgie plastique est primordiale, son usage est multiple, et les pratiques des chirurgiens sont diverses. La méconnaissance juridique, l’insouciance ou les contraintes de l’activité de certains chirurgiens, exposent ceux-ci à d’importants risques médico-légaux. Le chirurgien se doit alors de connaître la loi et ainsi pouvoir se prémunir d’éventuelles poursuites judiciaires.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Remerciements
Cette publication est issue d’un travail du Master éthique de la santé et médecine légale (Université de Lorraine, Nancy). Nous tenons à remercier sincèrement tous les chirurgiens plasticiens ayant contribué et permis la réalisation de cet article par leurs réponses à notre questionnaire.
Références (10)
- et al.
[Breast reconstruction by musculocutaneous latissimus dorsi flap with single scar and transverse paddle]
Ann Chir Plast Esthet
(2013) - et al.
[Clinical evaluation of structural fat tissue graft (Lipostructure) in volumetric facial restoration with face-lift. About 100 cases]
Ann Chir Plast Esthet
(2004) - et al.
[Constitutional asymmetries in aesthetic breast augmentation: incidence, postoperative satisfaction and surgical options]
Ann Chir Plast Esthet
(2009) - et al.
[Retrospective study of third degree cervico-facial burns]
Ann Chir Plast Esthet
(2011) - et al.
Patients’ perception of medical photography
J Plast Reconstr Aesthet Surg
(2010)
Cited by (12)
Medical photographs: Time saving and data security thanks to a dedicated application
2021, Annales de Chirurgie Plastique EsthetiqueUse of Photography in Dermatology: Ethical and Legal Implications
2020, Actas Dermo-SifiliograficasFacial surgery for cosmetic purposes: Practice guidelines
2019, Journal of Stomatology, Oral and Maxillofacial SurgeryCitation Excerpt :Guidelines rated EO are based on expert opinions. Regulatory framework: what are the regulatory obligations with respect to the practice of cosmetic surgery? [1–6] Certified and qualified surgeons, specialists in maxillofacial surgery, in maxillofacial surgery and stomatology, in stomatology, in otorhinolaryngology, in otorhinolaryngology and cervicofacial surgery, in cosmetic and reconstructive surgery, and in ophthalmology, are entitled to perform cosmetic facial surgeries within the anatomical framework of their specialties.
Clinical photography by smartphone in plastic surgery and protection of personal data: Development of a secured platform and application on 979 patients
2019, Annales de Chirurgie Plastique EsthetiqueStereophotogrammetry and facial surgery: Principles, applications and prospects
2018, Annales de Chirurgie Plastique EsthetiqueFemale plastic surgery patients prefer mirror-reversed photographs of themselves: A prospective study
2016, Journal of Plastic, Reconstructive and Aesthetic SurgeryCitation Excerpt :Working with images of the patient offers plastic surgeons an excellent medium for communication with the patient, and it permits the surgeon to follow the patient's progress and to judge the outcome of the procedure.1–5 In a study of 176 plastic surgeons, 87.5% of the surgeons stated that they used photography, particularly in patient follow-up.6 However, the use of images of the patient may create real problems for the surgeon and the patient, which potentially give rise to false hopes, disappointment or a perception that the treatment has failed.