Expertise médicale continue en dermatologieMaladies infectieuses Dermatoses d’origine parasitaire et animaleLeishmanioses cutanéesCutaneous leishmaniasis☆
Introduction
Les leishmanioses sont des maladies infectieuses dues au parasitisme des cellules du système des phagocytes mononucléés par des protozoaires flagellés appartenant au genre Leishmania, transmises par des insectes diptères appartenant au genre Phlebotomus dans l’Ancien Monde et Lutzomyia dans le Nouveau Monde. Elles évoluent cliniquement chez l’homme sous trois formes : viscérale, cutanée et cutanéomuqueuse. Ces affections sont de distribution mondiale. Celles de l’Ancien Monde sont cutanées pures dans l’immense majorité des cas et régressent spontanément en quelques semaines à quelques mois. Celles du Nouveau Monde, dues à des multiples complexes de leishmanies, ont le risque majeur de développer une forme muqueuse secondaire.
Section snippets
Parasitologie
Sur le plan taxonomique, les Leishmania sont des protozoaires flagellés de l’ordre des Kinetoplastidae et de la famille des Trypanosomatidae. Ils existent sous deux formes différentes chez leurs hôtes successifs :
- •
promastigote, flagellée, libre dans le tube digestif du vecteur ou en culture. Elle a une forme allongée de 20 μm de long (Fig. 1A) ;
- •
amastigote, intramacrophagique, non flagellée, arrondie et immobile, de 2 à 6 μm de taille, chez l’hôte vertébré. Le kinétoplaste intensément coloré au
Distribution géographique
On estime que chez l’homme la prévalence mondiale de la leishmaniose, toutes formes cliniques confondues, est de 12 millions. Le nombre de nouveaux cas actuels est estimé à 0,7 à 1,2 millions par an par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) [3]. La distribution géographique de la leishmaniose de l’Ancien Monde prédomine dans les zones intertropicales et dans les régions tempérées d’Afrique, d’Europe et d’Asie. Elle est endémique dans plus de 70 pays et environ 90 % des cas sont notés dans
Classification
Les leishmanioses tégumentaires sont considérées comme un spectre d’infections parasitaires (Fig. 3) [8], dont le pôle bénin est représenté par la leishmaniose cutanée localisée (LCL), forme constituée de lésions circonscrites, évoluant lentement vers la guérison spontanée et correspondant à une réponse immunitaire cellulaire de l’hôte de type Th1. Au pôle opposé, la leishmaniose cutanée diffuse (LCD) représente la forme grave, avec des nodules disséminés sur le corps, récidivante et rebelle à
Physiopathologie
Le développement clinique des lésions après infection dépend :
- •
de l’espèce parasitaire et de l’inoculum ;
- •
de la susceptibilité génétique et de l’immunité de l’hôte ;
- •
des expositions antérieures au vecteur et surtout à ses composants salivaires [9].
En fonction de tous ces facteurs, la réponse inflammatoire de l’hôte va évoluer vers une infection asymptomatique, ou des formes localisées autorésolutives, chroniques, diffuses, mucocutanées ou recidivans. En général, la maladie fait intervenir une
Clinique
Dans toutes les formes de leishmaniose cutanée, il existe un spectre clinique. La maladie varie de formes progressives sans tendance à la cicatrisation associées à une anergie (leishmaniose cutanée diffuse) à une forme avec une hypersensibilité exagérée observée dans les leishmanioses muqueuses et les leishmanioses recidivans, en passant par des formes localisées autorésolutives.
Cliniquement, les leishmanioses cutanées sont : cutanées localisées ; cutanées diffuses ; cutanées disséminées
Diagnostic
L’examen parasitologique est essentiel. Il a pour but de mettre en évidence les leishmanies. Il faut faire un prélèvement en dessous de la croûte adhérente ou sur le bourrelet situé en périphérie de la lésion, par grattage au vaccinostyle ou à la curette. On peut également aspirer le produit d’une ponction ou faire des appositions sur lame d’une tranche de section de biopsie cutanée.
Le frottis sur lame, coloré par le May-Grünwald-Giemsa, met en évidence les parasites sous forme amastigote. Les
Diagnostic différentiel
Sur le plan clinique, les lésions de leishmaniose cutanée doivent être distinguées d’autres ulcérations telles que la diphtérie cutanée, les gommes syphilitiques, le pian, le lupus tuberculeux, la blastomycose, la chromoblastomycose et les carcinomes cutanés épithéliaux.
Traitement
Leishmania est un groupe de parasites protozoaires trouvés dans plusieurs régions géographiques tropicales et subtropicales. Chaque espèce parasitaire existe dans un cycle unique zoonotique ou anthroponotique. Une partie de ces parasites infectent l’homme et sont responsables d’une large variété de syndromes cliniques cutanés, muqueux ou systémiques. Chaque région géographique a une combinaison unique de souche parasitaire, de phlébotome et de réservoir. Le régime thérapeutique qui est efficace
Contrôle des vecteurs
La réduction de la population de vecteurs par l’amélioration globale des conditions sanitaires et des conditions d’hygiène pourrait diminuer l’incidence de la leishmaniose cutanée. L’épandage de dichloro-diphényl-trichloroéthane pour la lutte contre le paludisme a éliminé la leishmaniose cutanée dans plusieurs régions, avec cependant un retour à l’arrêt de ces actions.
Les mesures individuelles avec l’utilisation de répulsifs à base de DEET, de vêtements et de moustiquaires imprégnés à la
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références (58)
- et al.
Environmental change and the dynamics of parasitic diseases in the Amazon
Acta Trop
(2014) - et al.
Cutaneous leishmaniasis
Lancet Infect Dis
(2007) - et al.
Activated inflammatory T cells correlate with lesion size in human cutaneous leishmaniasis
Immunol Lett
(2005) - et al.
Clinical diagnosis of cutaneous leishmaniasis (oriental sore)
J Am Acad Dermatol
(1987) Leishmaniasis in the World Health Organization Eastern Mediterranean Region
Int J Antimicrob Agents
(2010)Diffuse cutaneous leishmaniasis in Ethiopia I. The clinical and histological features of the disease
Trans R Soc Trop Med Hyg
(1969)Mucosal leishmaniasis (“espundia” Escomel, 1911)
Trans R Soc Trop Med Hyg
(1986)- et al.
Risk factors for mucosal manifestation of American cutaneous leishmaniasis
Trans R Soc Trop Med Hyg
(2005) - et al.
Post-kala-azar dermal leishmaniasis
Lancet Infect Dis
(2003) - et al.
Érythème noueux unilatéral associé à une leishmaniose cutanée homolatérale
Med Mal Infect
(2009)
Vascularite systémique au cours de parasitoses
Presse Med
Choix des amorces : élément déterminant dans le diagnostic moléculaire de la leishmaniose cutanée
Pathol Biol
Western blot analysis as an aid for the diagnosis of cutaneous leishmaniasis due to Leishmania major
Trans R Soc Trop Med Hyg
Visceral leishmaniasis. Persistence of parasites in lymph nodes after clinical cure
J Infect
Therapy of leishmaniasis in France: consensus on proposed guidelines
Presse Med
Épidémilogie des leishmanioses en Tunisie. Maladies tropicales transmissibles
Leishmaniose cutanée autochtone en France métropolitaine
Ann Dermatol Venereol
Leishmaniasis worldwide and global estimates of its incidence
PLoS One
Leishmaniasis
Nat Rev Microbiol
Leishmaniasis in an era of conflict in the Middle East
Vector-Borne Zoo Dis
Climate cycles and forecasts of cutaneous leishmaniasis, a nonstationary vector-borne disease
PLoS Med
Human cutaneous leishmaniasis: recent advances in physiopathology and treatment
Eur J Dermatol
Lupoid cutaneous leishmaniasis: a case report
Dermatol Ther
Lupoid cutaneous leishmaniasis: a report of 16 cases
Indian J Dermatol Venereol Leprol
Atypical clinical form of cutaneous leishmaniasis: erysipeloid form
Int J Dermatol
Chronic lupoid leishmaniasis. Evaluation by polymerase chain reaction
Arch Dermatol
Formes clinicoépidémiologiques des leishmanioses cutanées en Tunisie
Ann Dermatol Venereol
Epidemiologic and parasitologic data concerning sporadic cutaneous leishmaniasis in northern Tunisia
Bull Soc Pathol Exot
La leishmaniose cutanée du Nord de l’Algérie
Bull Soc Pathol Exot
Cited by (0)
- ☆
Cet article est paru initialement dans l’EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), EMC - Dermatologie 2016;11(2):1–12 [Article 98-395-A-15]. Nous remercions la rédaction de l’EMC - Dermatologie pour son aimable autorisation de reproduction.