Cas clinique
BCGite du gland post-BCGthérapie intravésicaleBCG infection of the glans penis after intravesical BCG therapy

https://doi.org/10.1016/j.annder.2007.06.012Get rights and content

Résumé

Introduction

La BCGthérapie est un traitement adjuvant efficace des tumeurs superficielles de vessie. Elle consiste en l’instillation intravésicale de bacilles vivants atténués de Calmette-Guérin. La BCGite du gland est une complication locale rare de ce traitement dont nous rapportons deux cas.

Observations

Cas 1 : un homme de 77 ans avait une récidive de carcinome urothélial de vessie traitée par résection endoscopique suivie d’une BCGthérapie. Une semaine après la septième instillation apparaissait une balanite intense. Trois mois plus tard, l’examen trouvait une vaste ulcération périméatique douloureuse avec des papules jaunâtres en périphérie. L’examen histologique montrait des granulomes épithélioïdes et gigantocellulaires. La coloration de Ziehl-Neelsen était positive. Une bi-antibiothérapie antituberculeuse permettait une lente guérison des lésions en 12 mois. Cas 2 : un homme de 61 ans était traité par BCGthérapie pour la récidive d’un carcinome vésical in situ. La sixième instillation était considérée traumatique, car très douloureuse. Une semaine plus tard, apparaissaient des papulonodules du gland avec une lésion scléreuse du sillon balanopréputial, une atteinte papuleuse violine périméatique et une masse sous-muqueuse du gland. Une antibiothérapie par ofloxacine puis par rifampicine pendant deux mois était inefficace. L’examen histologique trouvait des lésions granulomateuses dermiques avec une nécrose éosinophile. Une tri-antibiothérapie antituberculeuse était entreprise.

Discussion

Le premier cas de BCGite du gland compliquant une BCGthérapie intravésicale a été publié en 1992. Depuis, neuf autres cas ont été rapportés. La présentation clinique n’est pas stéréotypée. Il s’agit souvent d’un placard érythémateux infiltré avec parfois des papules jaunâtres associées. Le diagnostic repose sur l’anamnèse et l’examen histologique.

Summary

Background

BCG therapy is an effective adjuvant treatment for superficial bladder tumors. Therapy involves intravesical instillation of live attenuated Calmette–Guérin bacilli. BCG infection of the glans is a rare local complication associated with this treatment, two cases of which are reported below.

Patients and methods

Case 1: A 77-year-old man presented relapsing urothelial bladder carcinoma treated by endoscopic resection and BCG therapy. One week after the seventh instillation, severe balanitis developed. Three months later, examination revealed massive painful perimeatal ulceration with yellowish papules in the peripheral regions. Histology revealed epithelioid giant-cell granulomas. Ziehl-Neelsen staining was positive. Slow cure of the lesions was achieved within 12 months using double antitubercular antibiotic therapy. Case 2: In a 61-year-old man receiving BCG therapy for relapsing bladder carcinoma in situ, the sixth instillation was considered traumatic since it was highly painful. One week later, papular nodules appeared on the glans with a sclerosing lesion of the balanopreputial sac, dark purple perimeatal papules and a mass beneath the mucosa of the glans. Antibiotic treatment comprising ofloxacin followed by rifampicin for two months proved ineffective. Histology revealed granulomatous dermal lesions with eosinophilic necrosis. Triple antitubercular antibiotic therapy was initiated.

Discussion

The first reported case of BCG infection of the glans in patients undergoing intravesical BCG therapy was published in 1992. Since then, there have been nine other reports. There is no stereotypical clinical presentation. In most cases, an infiltrated erythematosus plaque is seen together with yellowish papules in certain patients. Diagnosis is based upon history and histological examination.

Introduction

La BCGthérapie est un traitement adjuvant efficace des tumeurs superficielles de vessie. Elle consiste en l’instillation intravésicale de bacilles vivants atténués de Calmette-Guérin dans le but de favoriser une inflammation aiguë locale et une réaction granulomateuse subaiguë avec infiltration macrophagique et leucocytaire de l’urothélium et du chorion de la muqueuse vésicale. L’inflammation locale entraîne la disparition ou la réduction des lésions cancéreuses superficielles de la vessie. Le mécanisme exact de l’effet antitumoral est inconnu, mais cet effet semble lié à l’action des lymphocytes T. En France, le BCG à usage thérapeutique est commercialisé sous le nom d’Immucyst® depuis 1996. Ses indications sont le traitement curatif du carcinome urothélial in situ de la vessie et le traitement prophylactique des rechutes des tumeurs superficielles de vessie (carcinome in situ, tumeurs papillaires limitées à la muqueuse, tumeurs papillaires envahissant la lamina propria mais non la musculeuse). Ce traitement permet de retarder ou d’empêcher la progression vers l’infiltration tumorale. Le taux de réponse est d’environ 70 %. De même que le BCG utilisé en injection intradermique dans le cadre de la vaccination antituberculeuse est responsable de complications locorégionales (abcès au site d’injection, adénopathie dans le territoire de drainage, lymphadénopathie suppurée, ulcération cutanée) et générales (fièvre et exceptionnellement ostéite à BCG, BCGites disséminées), son usage en instillation intravésicale provoque également de nombreux effets secondaires. Des symptômes de cystite aiguë tels que dysurie, pollakiurie, hématurie sont observés chez 50 à 80 % des malades traités, de survenue précoce et d’une durée inférieure à 48 heures. De façon plus rare, peuvent survenir des complications locorégionales graves (cystite fébrile à BCG, prostatite granulomateuse, orchi-épididymite, obstruction urétérale, abcès rénal, péritonite de contiguïté, rétraction vésicale), des complications immuno-allergiques ou des complications systémiques graves telles qu’insuffisance rénale aiguë, miliaire pulmonaire à BCG, hépatite granulomateuse, granulomatose médullaire, septicémie, choc septique, défaillance multiviscérale. Quant à la BCGite du gland, il s’agit d’une complication locale très rare de ce traitement mais qu’il faut connaître pour pouvoir débuter rapidement un traitement adapté.

Section snippets

Cas 1

Un homme âgé de 77 ans atteint d’un carcinome urothélial de vessie en 2003 avait une récidive en 2005 traitée par résection endoscopique suivie d’une BCGthérapie (Immucyst®) en instillations intravésicales hebdomadaires pendant six semaines. Une semaine après la septième instillation d’Immucyst® apparaissait une balanite intense et ulcérée. Différents traitements entrepris (antiseptiques, antibiotiques locaux puis généraux) étaient inefficaces. Après trois mois d’évolution, l’état général était

Discussion

La première description de BCGite du gland compliquant une BCGthérapie intravésicale a été publiée en 1992 [1]. Il s’agissait d’un homme de 63 ans qui avait une éruption douloureuse du gland sous la forme d’un placard érythémateux infiltré avec de petites papules jaunes périméatiques apparue quelques jours après la mise en route d’une BCGthérapie intravésicale pour un carcinome transitionnel de la vessie. L’examen histologique montrait des granulomes inflammatoires avec quelques cellules

Cited by (11)

  • Tuberculose primaire du pénis

    2013, Annales de Dermatologie et de Venereologie
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